Nous en étions ce jeudi 04 juin, à la quatrième audience du procès Vital Kamerhe et consorts au Tribunal de Grande Instance Kinshasa Gombe installé à la prison centrale de Makala.

Réservée en grande partie à l’audition des témoins dans cette affaire, cette audience a connu l’intervention des ministres et anciens ministres, de députés, conseillers du présidents de la République ou encore d’autres agents de la fonction publique. Tous, pour apporter les éléments pouvant éclairer les juges dans cette instruction contre le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi et ses pairs qu’on accuse de détournement de deniers publics.

Le contrat de 57 millions n’était pas régulier

Revenu pour une deuxième fois comme témoin, le Directeur général ai de la Direction Générale du Contrôle des Marchés publics (DGCMP), Ngongo Salumu Michel a dit clairement que l’avenant du contrat initial de 26 millions n’était pas régulier. « Seul le contrat de 26 millions USD était régulier, et non celui des 1500 maisons avec 57 millions USD… », a-t-il dit.

Le DG de la DGCMP a expliqué cependant que l’Etat ne peut payer la totalité de la facture qu’après livraison et vérification de conformité, ce qui n’a pas été le cas. Et d’ajouter que « l’Etat ne peut pas non plus payer sans avis de non objection ».

Le deuxième témoin, Pierre Kangudia, l’ancien ministre du budget est venu faire la révélation selon laquelle le prévenu Kamerhe et Jammal se seraient déjà rencontré. Cet ancien ministre qui dément n’avoir pas fait partie d’une quelconque coordination du projet de 100 jours fait savoir qu’il a aperçu une fois monsieur Jammal Sammih à la salle d’attente du directeur de cabinet du Chef de l’État. Curieusement, les deux précités se contredisent quant à ce. En effet, le patron de Samibo dit avoir été reçu par Kamerhe pendant deux ou trois minutes.

« J’ai été reçu par le directeur de cabinet du Chef de l’État au moins pendant deux ou trois minutes… », a laissé entendre Jammal Sammih qui, lors de la première audience, avait démenti n’avoir jamais rencontré Kamerhe. À son tour, le directeur de cabinet du Chef de l’État, Vital Kamerhe, ne reconnaît pas du tout ladite rencontre. Pour lui, Jammal Sammih a été reçu par ses experts. « Samith Jammal a été reçu par mes experts et non par moi… », rétorque Vital Kamerhe à la barre.

Le balbutiements de Massaro dan l’affaire cession d’une parcelle

Sammih Jammal, responsable de la société Samibo a déclaré avoir céder une partie de sa concession comme cadeau à Daniel Massaro, le cousin de Kamerhe (qui se trouve être également ami de ses enfants depuis plus de 10 ans, ndlr) pour des services rendus. Le flou c’est que ladite parcelle figure avec le nom de Mademoiselle Soraya Mpiana, la belle-fille de Kamerhe, selon le témoignage du conservateur de la commune de Ngaliema, monsieur Kilangalanga.

Daniel Massaro qui ne nie pas le fait, ajoute encore avoir remis son argent à Jammal. « Jammal m’a vendu une parcelle puis m’en a offert une autre. Et le nom qui m’est venu en tête à mettre sur le titre immobilier c’est celui de Soraya Mpiana… C’est ma faute, j’ai induit toute une famille en erreur « , serment de Massaro. Comme par hasard, celui-ci ne connait pas l’identité de la nommée Soraya et s’étonne de la voir inscrite dans les documents parcellaires. C’est « le conservateur » qui en est l’auteur, s’innocente-t-il.

Kamerhe enfoncé par Marcelin Bilomba

Le break de la soirée, c’est bel et bien le témoignage de Marcelin Bilomba, conseiller principal de Félix Tshisekedi en charge de l’économie et finance. Celui-ci est venu contredire Henry Yav, ancien ministre des finances et Deogratias Mutombo, gouverneur de la BCC, sur le montant versé à Samibo pour la construction des maisons préfabriquées.

Devant le tribunal, le conseiller en charge de l’Ecofin du Chef de l’État avance la somme de 66.700 millions USD qui a été versée à la société Samibo, alors que les deux témoins susmentionnés avaient reconnu avoir versé plutôt la somme 57 millions USD à la même société.

Par ailleurs, Marcelin Bilomba a pointé du doigt le directeur de cabinet du Chef de l’État comme étant le seul responsable du « désordre » observé dans le programme de 100 jours.

Dans son témoignage, Marcelin Bilomba, fait savoir que la fameuse coordination du programme de 100 jours dirigé par Nicolas Kazadi, ambassadeur itinérant du Chef de l’État, n’était en réalité que de « façade ».

« Il y a jamais eu une coordination, c’est une coordination de façade façade. Une coordination qui n’a pas fait le budget, qui n’a pas choisi parmi les prestataires… Le Président a donné la vision, la voie, mais il ne donne pas quitus au tripatouillage », a-t-il déclaré devant le tribunal.

C’est tard dans la soirée, vers 22 heures, que le juge président va renvoyer l’audience au jeudi 11 juin, laquelle sera consacrée à la plaidoirie des parties opposées.

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