Depuis l’annonce du premier cas testé positif au Coronavirus (Covid-19) en RDC le 10 mars 2020 dernier, l’on assiste à une scène des communications ratées par les autorités du pays à la suite desquelles les Congolais doutent encore de l’existence de cette maladie en RDC.
Clip Heath et Dan Heath, deux chercheurs américains et professeurs d’université, dans leur ouvrage : « Idées de génie : comment créer des messages qui marquent les esprits », évaluent la qualité d’une communication par son niveau d’adhérence.

Dix Kinois interrogés par une chaîne de télévision locale le vendredi 27 mars 2020 ont rejeté toutes les communications des autorités du pays sur l’existence du Covid-19 en RDC.
Après analyse de la situation basée sur plusieurs recherches, je vous propose dans les lignes qui suivent les éléments que les autorités de la RDC ignorent dans leurs communications, ce qui a comme conséquence la non-adhérence de la population dans la lutte contre le Covid-19, qui a déjà occasionné à ce jour [NDLR : le 28 mars 2020] cinq décès et 54 cas testés positifs.
1. Travailler sur le compte affectif
Le compte affectif des dirigeants congolais envers la population est rouge et vide. Stephen Covey a dit : « Plus la confiance est grande entre deux individus, plus la communication est facile, spontanée et constructive ».
Pendant plusieurs années, les Congolais ont assisté à des grands débats entre les politiques, tous à la quête du pouvoir. Nul n’ignore en RDC que les hommes politiques se servent de la population pour s’enrichir. C’est ce qui avait caractérisé des fortes mobilisations de la population les années antérieures pour dire non au troisième mandat de Joseph Kabila.

Et à la grande déception de tous, après un ouf de soulagement à l’accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême, la situation socio-économique s’empire avec des détournements et corruptions, mais aussi l’impunité.
Le gouvernement doit travailler sur le compte affectif de la population, c’est-à-dire, rétablir la confiance avec la population, la mettre au centre de toutes les actions.
2. Redéfinir le contexte
a. Les médias
Alors que les autorités de la RDC, notamment le ministre de la Santé se contente de communiquer sur l’évolution du Covid-19 sur Twitter, il sied de rappeler que d’après un rapport d’étude de GSMA en 2019, seulement 23 % de la population congolaise possèdent des smartphones et 14 % ont accès à l’Internet.
Ces chiffres démontrent la portée de la communication ratée sur le Covid-19. La radio et la télévision restent à ce jour les médias les plus suivis par les Congolais.
b. L’analphabétisme
Le taux d’analphabétisme en RDC reste élevé. La Banque mondiale a dans un rapport publié en 2019 indiqué que plus de 40 % des Congolais ne savent ni lire, ni écrire.

Ces chiffres attestent la vitesse avec laquelle les rumeurs et fausses informations se propagent. L’analphabétisme est un grand défi pour la communication. Les autorités congolaises se font plaisir de communiquer en bon français.
3. Uniformiser et planifier les actions
À ce stade où le Coronavirus sévit en RDC, toutes les parties prenantes à la riposte devraient tourner leurs actions vers un même objectif selon un plan bien précis.
Tout expert en communication comprendra qu’il n’y a pas de plan de communication de la lutte contre le Coronavirus quand bien même toutes les autorités visent à mettre fin à la propagation de cette pandémie.
Ça semble que toutes les sorties médiatiques se tournent vers les intérêts personnels. Ainsi, nous assistons à des contradictions entre les personnes censées nous montrer le chemin.
Loin de moi l’idée de dire que ces trois points seulement suffisent, mais je crois qu’ils serviront des points de départ pour désengorger la situation.
Le coronavirus est réel, organisons-nous en ordre de bataille pour vaincre cet ennemi invisible. Toko Koma !
Dieumerci Kalewu





