Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de l’Église catholique romaine à Kinshasa, a proposé plusieurs solutions de voie de sortie de crise d’insécurité qui sévit dans la partie est de la RDC. Il s’agit des solutions économiques et humanitaires, diplomatiques et militaires. C’était au cours d’un point de presse tenu ce vendredi 3 janvier à Kinshasa après sa visite pastorale de 4 jours à Beni-Butembo.
Sur le plan diplomatique, le cardinal Fridolin Ambongo recommande au gouvernement de la RDC d’activer son arsenal diplomatique afin de convaincre tous les pays voisins, notamment le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, de cesser de déverser leurs peuples sur le sol congolais, une situation qui brouille selon lui le cap.
« Il est capital de faire la distinction entre les Rwandophones, les peuples venant du Rwanda et qui vivent au Congo depuis des années et qui sont devenus des Congolais. Aujourd’hui, personne ne peut contester leur nationalité. Ceux-là ne font pas problème parce qu’ils sont considérés comme les Congolais. Ceux qui font problème, c’est le déversement des autres qui arrivent et on essaie de leur faire passer comme les Congolais », décrie le cardinal tout en fustigeant le processus selon lequel les émigrés rwandais qui ont été chassés de la Tanzanie et ont été déversés en RDC.
S’agissant de l’aspect militaire, le cardinal Fridolin Ambongo a exhorté le gouvernement à mettre de l’ordre dans l’armée et à la doter des moyens conséquents afin d’aboutir aux résultats les plus nobles dans l’opération de traque des groupes armés qui sèment la terreur dans l’est de la RDC. Aussi, le cardinal Fridolin Ambongo sollicite que le gouvernement clarifie la mission de la MONUSCO.
« Il est remarquable lorsque vous parlez avec les militaires de voir que notre armée est infiltrée. Ce qui crée un climat de méfiance de la part de la population vis-à-vis de l’armée. Il y a l’ambiguïté de la MONUSCO. Le peuple ne fait pas du tout confiance en la MONUSCO pour la simple raison, à côté des installations de la MONUSCO, on vient égorger les gens. Or la mission principale de la MONUSCO, c’est protéger la population civile. Il y a une perception négative de la population dans le chef de la MONUSCO », renchérit le cardinal.
Dans le volet économique et humanitaire, le cardinal Fridolin Ambongo a lancé un appel au gouvernement central ainsi qu’à la communauté internationale à assister la population de l’est qui vit dans une précarité qui ne dit son mot.
« La situation de la population est dramatique. À cause de l’insécurité, la population a pu abandonner des villages, ses maisons, ses champs, ses plantations. Comment cette population va vivre dès lors qu’elle ne peut plus vaquer à ses occupations. C’est la misère ! », regrette le cardinal.
Pour le cardinal Fridolin Ambongo, la situation dans l’est de la RDC est un plan de balkanisation du pays. Selon une lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat par la Nouvelle Société Civile Congolaise/Coordination des villes de Beni et Butembo et territoires de Beni et Lubero le jeudi 02 janvier dernier, plus de 2800 personnes sont tuées par les rebelles ADF depuis 2014.
DMK